Les estuaires: définitions

Le sens “commun”

L’estuaire, du latin oestuarium de aestus, [flux de la mer : lieu où le flux pénètre], est une sinuosité du littoral, qui n'est couverte d'eau qu'à la marée montante. Par analogie, elle est étendue à l'embouchure d'un fleuve qui forme une sorte de golfe ou bien qui forme une sorte de baie large et longue. La même origine latine aestuarium désigne le canal principal conduisant l'eau de mer dans les marais salants, l’«estier» en vieux Français (XIVème siècle, Littré 1962). Ce n’est pas sans rappeler le terme d’étier, du dialecte de l’ouest désignant, soit un cours d’eau canalisé, soit un canal de drainage des milieux proches littoraux poldérisés.
La notion « commune » d’estuaire est donc bien attachée à la notion de chenal où circulent des flux entre le milieu terrestre et marin. Les définitions des experts amènent des précisions.

Les définitions d’experts

Selon Pinot (1998), un estuaire est la partie localisée dans la basse vallée d’un fleuve, submergée lors de la transgression flandrienne (début vers -14000 BP, niveau actuel atteint vers – 5000 BP) et comblée progressivement par un colmatage des irrégularités topographiques. Cette notion de comblement également évoquée par Ottman (1965). Verger (1983, 2005), quant à lui, donne une définition plus large d’un estuaire comme étant toute embouchure fluviale sous l’influence de la marée. Boucart (1952), associe également la notion d’estuaire à celle, inséparable, de marée Tout en donnant une définition assez large, Verger (1983, 2005) n’occulte pas pour autant d’autres paramètres dans la définition de ce qu’est un estuaire actuel. Il intègre notamment l’action de la transgression Holocène qui a permis leur genèse.
Enfin, si l’on considère des approches plus « environnementalistes », un estuaire est, d’après Pritchard, (1963), "un objet semi-fermé du littoral, qui a une connexion libre avec le milieu marin ouvert, et à l’intérieur duquel la dilution de l’eau de mer par de l’eau douce en provenance du drainage continental, est mesurable". Rougerie (1993), de son côté, considère que les estuaires se distinguent radicalement des fjords par le profil en long de leur plancher et dont le cours d’eau passe progressivement à la mer sans rupture de pente à l’entrée dans un bassin surcreusé, ni seuil en aval précédant le débouché vers la mer. Il avance les conséquences profondes, sur l’hydrodynamique, sur la structure des masses d’eau, sur leurs propriétés physico-chimiques et sur les biocénoses.

A la source...

La Bretagne est un territoire où la terre, l’eau et l’air s’affrontent, se mélangent. L’espace qui reflète probablement le plus cet état est l’estuaire, zone d’interface dynamique entre ces éléments. Les sources, sur ce territoire, ne sont jamais loin de la mer, tout au plus quelques dizaines de kilomètres, et les points de sorties, multiples, parsèment le trait de côte de ponctuations : virgules qui introduisent un peu de sel dans la douceur des terres, points de suspension lors des tempêtes par les abris qu’ils offrent, et point d’arrivée par les ports de fonds d’estuaires.

Les estuaires sont fascinants, vivants, vibrants. J’ai du être goutte d’eau dans une autre vie. Je vous invite à découvrir mon terrain de jeu, mes parcours en Bretagne mais plus particulièrement cette zone étrange, qui n’est pas encore tout à fait marine mais qui n’est plus tout à fait continentale que sont les estuaires côtiers bretons.

Bonne visite